La fiscalité des groupes de sociétés est un domaine complexe, mais le maîtriser est essentiel pour optimiser la charge d’impôt globale de l’entreprise et garantir un traitement cohérent des résultats du groupe. En France, le régime de l’intégration fiscale permet à une société mère et à ses filiales de consolider leurs résultats, afin de calculer un impôt unique. Un mécanisme certes avantageux sur les plans financier et organisationnel, mais qui impose également au groupe et à ses sociétés une gestion pointue, notamment en matière de liasse fiscale.
Découvrez le principe de l’intégration fiscale d’une société, ses avantages et les bonnes pratiques pour gérer efficacement les liasses d’un groupe de sociétés.
Qu’est-ce que l’intégration fiscale des sociétés ?
Le régime d’intégration fiscale est régi par les articles 223 A à 223 U du CGI (le Code général des impôts). Celui-ci permet à la société mère – ou holding – d’un groupe qui détient directement ou indirectement au moins 95 % du capital de ses filiales de consolider ses résultats. L’objectif de la démarche : définir un impôt unique à chaque exercice, pour l’ensemble des sociétés du groupe. Cette option est accessible aussi bien aux groupes industriels qu’aux sociétés de services, et peut se réaliser à l’aide d’un logiciel de liasse fiscale.
Grâce à l’intégration fiscale d’un groupe de sociétés, on établira un résultat d’ensemble correspondant à la somme des résultats fiscaux individuels de chaque société détenue par le groupe, retraités de certaines opérations intragroupe (dividendes, provisions, cessions internes…). La société mère, jouant le rôle d’intermédiaire, deviendra alors la seule entité redevable de l’impôt, chaque société que détient le groupe continuant de produire ses propres comptes et sa liasse fiscale individuelle.
Pour un groupe de sociétés, ce régime permet une nette optimisation de fiscalité : d’une part, on neutralisera l’impact fiscal des opérations entre sociétés membres, et d’autre part on optimisera le calcul global de l’impôt de l’entreprise. L’intégration fiscale facilite en outre la gestion administrative, renforce la vision stratégique du groupe et offre plus de souplesse dans la planification fiscale. Les sociétés intégrées bénéficient ainsi d’une organisation centralisée en matière d’impôt, tout en conservant leur autonomie juridique et comptable vis-à-vis du groupe, devenu intermédiaire de toutes les opérations.
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Les avantages du régime d’intégration fiscale pour un groupe de sociétés
Tout groupe de sociétés optant pour le régime d’intégration fiscale pourra en tirer plusieurs bénéfices stratégiques et financiers tels que :
Optimisation du taux effectif d’imposition du groupe | Avec l’option d’intégration fiscale, les déficits d’une société membre peuvent être compensés par les bénéfices d’une autre filiale, et le taux d’impôt final du groupe en est optimisé |
Simplification de la trésorerie du groupe | La société mère effectue un paiement d’impôt unique, ce qui améliore la visibilité sur la trésorerie du groupe |
Neutralisation des opérations intragroupe | Les dividendes, provisions et plus-values internes des sociétés du groupe sont neutralisés pour éviter une double imposition |
Gestion centralisée dans la holding | L’intégration permet une gestion fiscale en un point unique. La société mère pilote la conformité fiscale et la stratégie d’impôt pour l’ensemble des sociétés du groupe |
Cependant selon le guide des déclarations fiscales, même dans le cas où une société avec filiale opterait pour ce régime, il lui faudra se conformer à des exigences strictes en matière de convention d’intégration, de suivi des flux internes et de production des liasses fiscales. Le rôle d’intermédiaire endossé par la holding dans le cas d’une intégration fiscale est source d’obligations renforcées et nécessite de la vigilance.
Les obligations déclaratives et la liasse fiscale du groupe soumis à l’intégration fiscale
En France, cans le cadre de l’intégration fiscale telle que définie par le CGI, la société mère du groupe devra établir deux types de liasses :
Les liasses individuelles
Chaque société du groupe reste tenue par le CGI de produire sa propre liasse fiscale, laquelle intègre l’état de son résultat fiscal, ses retraitements, et ses annexes. Ces documents sont nécessaires pour déterminer le résultat d’ensemble de la société mère et de chacune de ses filiales.
La liasse d’intégration
Cette liasse consolidée par la société mère reprend les données de chaque filiale de manière à calculer le résultat global du groupe. Elle intègre des formulaires spécifiques (2058-A, 2058-B, 2058-E, etc.) et des états détaillant les neutralisations et retraitements.
Ces déclarations doivent être transmises par l’intermédiaire du groupe à l’administration dans les délais légaux (généralement dans les trois mois suivant la clôture de l’exercice fiscal, selon le CGI). Tout retard ou erreur pouvant entraîner des pénalités et fragiliser la position du groupe en cas de contrôle, mieux vaut veiller de près au respect des délais par chaque société membre.
Comment calculer et présenter la liasse fiscale d’un groupe de sociétés ?
Pour les sociétés et leurs filiales, le processus de calcul appliqué en France suit une méthodologie très précise, pouvant être décomposée ainsi :
- Collecte des données des sociétés membres : chaque filiale transmet sa liasse fiscale individuelle à la société mère.
- Retraitements intragroupe : on procède ensuite à la neutralisation des dividendes, provisions, cessions internes selon les règles du CGI.
- Calcul du résultat d’ensemble : suit l’addition des résultats d’exercice retraités de chaque filiale ou entité membre pour obtenir le résultat fiscal du groupe.
- Application du taux d’impôt du groupe : on calcule ensuite l’impôt unique du groupe au taux en vigueur.
- Répartition interne : on termine par le calcul des contributions de chaque société à l’impôt global selon la convention d’intégration.
Étape |
Responsable |
Document concerné |
Objectif |
Collecte des liasses individuelles |
Filiale |
Liasse fiscale individuelle |
Fournir le résultat fiscal brut |
Retraitements intragroupe |
Société mère |
État 2058-A bis |
Neutraliser les opérations internes |
Calcul du résultat d’ensemble |
Société mère |
État 2058-CG |
Déterminer l’assiette imposable consolidée |
Calcul de l’impôt |
Société mère |
État 2058-E |
Appliquer le taux d’IS |
Répartition interne de l’impôt |
Société mère |
Convention d’intégration |
Ventiler la charge d’IS entre membres |
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Rédiger et appliquer la convention d’intégration
La convention d’intégration fiscale a pour but d’encadrer les rapports entre société mère et filiales. Elle devra donc stipuler très clairement la méthode de calcul de l’impôt, les modalités de partage du résultat et de la charge fiscale, ainsi que les délais de transmission des liasses fiscales de chaque société. Elle doit aussi fixer les modalités de retraitement des écritures intragroupe. Une convention solide entre la société mère et chaque entité qui la compose :
- anticipe les changements de capital de la société
- prépare l’arrivée ou la sortie du groupe d’une filiale
- et protège l’entreprise en cas de contrôle.
Sa rédaction soigneuse évitera donc à la société mère d’éventuels conflits sur la répartition de l’impôt et assurera une application claire et contractuelle pour chaque filiale. De plus, une convention bien rédigée est un atout pour la sécurité juridique et fiscale du régime choisi par le groupe.
Les risques et erreurs à éviter lors de la préparation de sa liasse fiscale de groupe
Pour une démarche parfaitement conforme en fin d’exercice, le groupe et chaque société membre doivent être attentifs aux points suivants :
- Erreurs de retraitement : toute mauvaise neutralisation des opérations entre sociétés du groupe peut conduire à une double imposition.
- Données de sociétés incomplètes : le rôle de chaque société membre dans la liasse fiscale est majeur. Si une filiale transmet tardivement sa liasse à la société mère ou laisse passer des erreurs, c’est l’ensemble du calcul de l’exercice du groupe qui risque d’être indirectement faussé.
- Convention inadaptée : une convention mal rédigée peut créer des litiges internes entre société mère et filiales sur la répartition de l’impôt.
- Mauvaise application des taux : l’oubli de certaines règles de calcul ou d’exonérations d’impôt peut coûter cher à la société mère. Pour toute l’entreprise et chaque intermédiaire qui la compose, la rigueur est donc de mise au cours du processus.
La dématérialisation des démarches fiscales dans un groupe de sociétés en intégration
Pour les groupes de sociétés soumis au régime de l’intégration fiscale, la dématérialisation des démarches fiscales a profondément impacté la gestion des déclarations et des liasses fiscales. En France, depuis plusieurs années, l’administration fiscale impose le dépôt électronique des documents, via la plateforme officielle (EDI-TDFC). La société mère devient ainsi l’unique intermédiaire en matière d’impôt et assure, pour l’ensemble des sociétés membres, la transmission du résultat d’exercice global et des états requis par le CGI.
Ce changement ne va pas sans contraintes. Pour l’entreprise et chaque entité qu’elle détient, il est nécessaire de mettre chaque règle rigoureusement en application et de synchroniser les données comptables à toutes les étapes. Chaque société détenue par le groupe doit en effet fournir ses données comptables et fiscales dans un format normé par le CGI, qui respectera les obligations de l’exercice fiscal. La voie numérique apporte de la fiabilité à cette démarche : elle permet un import automatique des données, un contrôle de cohérence et une édition instantanée des formulaires pour l’exercice.
Pour la holding et les sociétés membres, la dématérialisation renforce aussi la traçabilité : chaque opération, chaque état et chaque validation est horodaté, ce qui sécurise les contrôles et réduit les litiges internes sur la répartition de l’impôt entre sociétés du groupe et société mère. Elle permet également de mieux respecter les échéances, grâce à des alertes et à un suivi centralisé du calendrier fiscal.
Enfin, bien que cette transformation demande un investissement initial en formation et en outils, mais offre des gains importants : réduction des erreurs, économies de temps et meilleure conformité au droit fiscal. Pour une holding comme pour une filiale, la dématérialisation de la fiscalité devient ainsi un atout stratégique pour optimiser la gestion fiscale et sécuriser l’option d’intégration sur le long terme.
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Les outils pour gérer les liasses fiscales d’un groupe
Bien souvent, les sociétés faisant partie d’un groupe se tournent vers un logiciel dédié pour centraliser et automatiser la production des liasses fiscales soumises en intégration. L’outil permettra notamment :
- L’import automatique des données comptables des filiales du groupe : récupération sécurisée et en temps réel des écritures depuis les systèmes comptables, avec contrôle de cohérence au cours de l’exercice et harmonisation des plans comptables entre toutes les sociétés intégrées.
- La génération des états et formulaires du CGI : production instantanée des imprimés fiscaux normalisés, tels que les formulaires 2058 et annexes, adaptés aux spécificités du régime d’intégration fiscale et prêts pour déclaration par la holding.
- La gestion des retraitements intragroupe : les neutralisations de dividendes, provisions ou plus-values internes se font automatiquement, avec suivi précis par société et justificatifs complets pour sécuriser les contrôles fiscaux et éviter les erreurs de calcul au cours de l’exercice.
- Le suivi du calendrier fiscal et des obligations de chaque société : option d’alertes automatiques sur les échéances, rappels personnalisés et tableaux de bord consolidés pour toutes les sociétés garantissent que toutes les déclarations du groupe soient soumises dans les délais légaux.
- L’archivage et la traçabilité complète : le logiciel permet la conservation centralisée et horodatée des liasses fiscales et documents justificatifs, avec accès contrôlé pour chaque membre du groupe, assurant conformité, auditabilité et continuité administrative d’un exercice à l’autre.
Les solutions logicielles dédiées à l’intégration fiscale facilitent ainsi la vie du groupe. Elles permettent l’import automatisé des données depuis les sociétés, la génération de formulaires officiels (2058-A, 2058-B, etc.) et l’automatisation des retraitements intragroupe. Certains outils intègrent des modules de droit fiscal actualisés pour respecter les évolutions du CGI, ce qui évite des oublis de retraitements.
La dématérialisation des liasses fiscales réduit en outre les erreurs de transmission par chaque société et assure une conformité continue dans l’ensemble du groupe. En option, l’interface centralisée de gestion permettra à la société mère de piloter l’ensemble des tâches, de surveiller les contributions de ses sociétés membres et de valider les déclarations avant qu’elles ne soient soumises. Cette approche facilite le rôle d’intermédiaire de la holding et optimise la stratégie fiscale du groupe.
Notons que certains ERP et logiciels fiscaux intègrent des modules spécifiques à l’intégration fiscale : la collaboration entre la mère, ses filiales, et les conseils externes (experts-comptables, avocats fiscaux) sera ainsi facilitée au cours de tout l’exercice.
Conseils pratiques pour une gestion optimale
Afin de maintenir une fiabilité constante entre chaque filiale et la société mère au cours de l’intégration fiscale, on pourra, en option, mettre en application les bonnes pratiques suivantes :
- Automatiser les échanges de données entre sociétés du groupe : mettre en place un système connecté entre les filiales et la société mère permet de synchroniser les résultats d’exercice en temps réel et de limiter les retards
- Uniformiser les plans comptables : adopter une structure comptable commune à toutes les sociétés membres du groupe facilitera la consolidation des comptes et la préparation des liasses fiscales.
- Mettre en place un suivi périodique : des rapports mensuels ou trimestriels sur l’avancement de la production des liasses permettront de détecter rapidement les anomalies d’exercice ou écarts d’entre les sociétés.
- Former les équipes : organiser des sessions de formation sur le régime d’intégration fiscale, les règles du CGI et les obligations spécifiques aux groupes de sociétés permettra de limiter les zones de flou.
- Collaborer avec un conseil fiscal : il sera judicieux de s’appuyer sur un expert externe pour anticiper les évolutions législatives et optimiser la structure de détention des filiales.
- Prévoir des audits internes : vérifier régulièrement la cohérence et la conformité des déclarations de chaque société membre permet de sécuriser les données en cas de contrôle de l’administration fiscale.
- Documenter tous les retraitements : conserver une trace claire des neutralisations et ajustements opérés pour chaque société du groupe. Celle-ci garantira la transparence de toute l’entreprise vis-à-vis de l’administration.
Si l’intégration fiscale est un levier puissant pour optimiser l’impôt d’un groupe de sociétés, il est essentiel de s’équiper des bons outils et de normaliser les pratiques au cours de sa préparation. Une démarche structurée permettra à l’entreprise de sécuriser ce régime spécifique et d’en tirer tous les bénéfices. Véritable chef d’orchestre de la démarche, la société mère devra veiller à la conformité, à la cohérence et à la ponctualité des informations soumises par chaque membre. En coordonnant bien chaque filiale, c’est toute la fiscalité de l’entreprise qui sera fluidifiée.
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